dimanche 23 décembre 2007

Conjonction

Gao Xingjian, L´Impression d´un rêve, 1986


Pleine de cette lumière qui revient, la lune ronde chemine lentement vers un nouveau printemps...

Mars l'a accompagnée un moment mais elles se sont quittées.

Eternel mystère de ces corps célestes qui se rencontrent et font semblant de se toucher, oubliant un instant l'immensité de la distance qui les sépare...

Comme nous peut-être.

samedi 22 décembre 2007

Solstice d'hiver

Photo JBMaréchal



Nuit obscure et glaciale
Fragile incertitude
Des instants ralentis,
Comme suspendus...

Puis le temps brusquement bascule
Vers la lumière, vers la vie!

mercredi 28 novembre 2007

Crépuscule nucléaire

photo IsaT

"Le silence des ports enflamme ma planète

Les ondes des radios surveillent mes décors
Princesse de la nuit, fille des astres morts
La centrale atomique pose son théorème..."


B. Lavilliers "Lettre ouverte"

Rêverie

Photo IsaT


Quand la colère s'éteint,
Lentement
Comme la brume déchirée
De ce midi d'automne
Je rêve d'un matin
Qui n'en finirait pas
Lumineux, amoureux
Et tranquille.

Crépuscule du soir

photo IsaT

dimanche 25 novembre 2007

Méditation

Photo IsaT

"La solitude est en nous comme une lame, profondément enfoncée dans les chairs. On ne pourrait nous l'enlever sans nous tuer aussitôt. L'amour ne révoque pas la solitude. Il la parfait. Il lui ouvre tout l'espace pour brûler. L'amour n'est rien de plus que cette brûlure, comme au blanc d'une flamme. Une éclaircie dans le sang. Une lumière dans le souffle. Rien de plus."

Christian BOBIN - Eloge du rien

La frontière des mondes

Photo IsaT

dimanche 18 novembre 2007

Premier quartier



Mon amour est-il dans son quartier de lune
Mon amour veut-il faire un tour dans l'au-delà
Mon amour a-t-il mis ses habits de fête
Mon amour veut-il faire un tour dans l'au-delà?


JLM Bergheaud

samedi 27 octobre 2007

La cloche fêlée

Mufuki Mukuna "Entité" 2006

Il est amer et doux, pendant les nuits d'hiver,
D'écouter près du feu qui palpite et qui fume
Les souvenirs lointains lentement s'élever
Au bruit des carillons qui chantent dans la brume,

Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux
Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
Jette fidèlement son cri religieux,
Ainsi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente !

Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis
Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits,
Il arrive souvent que sa voix affaiblie

Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie
Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts,
Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts.

Charles Baudelaire

dimanche 21 octobre 2007

mercredi 10 octobre 2007

GRUK

Af Piet Hein

Un petit mot d'explication?
Gruk est la contraction en danois de grin (rire) et suk (soupir - dans le sens du bruxellois sukkeleer :-). On pourrait dire qu'il y a dans ces petits textes de Piet Hein de quoi rire et de quoi soupirer ...ou pleurer...




TIMERNES TONEFALD

Hymne til vores vekslende vejrlig


I morges var det vinter,

i middags var det vår,
i eftermiddag sommersol,
i aften efterår.
Hvor lunerige kår -
at det er os beskåret
på vejrets bølger båret
at ride gennem året
mens dagens timer går.



VIRKELIGHED

Vi leger en leg med verden
og kalder den virkelighed.

Hver enkelt bygger dens love op
på alt hvad han ikke véd.

Vi fabler os selv labyrinter frem
at græmmes og gruble i.
Vi tegner os mure at stænges af
og linier at snuble i.

Og hvis nogen vil lege en anden leg,
skal vi sige dem grundig besked.

For dèn lille leg, vi har fanget os i -
det er dèn der er virkelighed.


TREBUNKESYSTEMET

Psykologisk Gruk om at gøre orden

Jeg går og gør orden i dat og dit,
og alting bliver mere og mere beskidt

og kun min samvittighed renere.
Jeg går og sorterer alverden i nat
i én bunke af dit og én bunke af dat
og én jeg vil ordne senere.

Først tager jeg summarisk på tingene, men
tilsidst blir jeg kritisk og dvæler igen
ved alle de enkelte enere.
Og atter blir bunkerne sigtet og vendt,
og når alt er sorteret, er alle ting endt

i den jeg vil ordne senere.


FODBOLD FOR FOLKEHELSEN

Sportsagitations-gruk

Det skal være så sundt med lidt fodbold
for store såvel som for små.
Men måske kunne sporten forbedres. –
Forbedringen skulle bestå
i, at 50.000 spiller
og 22 ser på.




mercredi 3 octobre 2007

Dernière séance

Gao Xingjian "Illusion" 1989


Quand la vie n’est plus qu’un combat
Douloureux, amer, solitaire
Quand il n’y a plus de matins
Plus d’étoiles dans les yeux,
Plus rien

Quand le passé n’est plus
Qu’une bobine oubliée
D’un cinéma désert
Aux sièges défoncés
Mangés par les rats

On ne le verra plus
Ce chancre de la vie
Désespoir à ciel ouvert
Indécent et stupide

Affiche délavée,
Balayée par le vent
Peut-être qu’avec le temps
On n’y pensera même pas

On fera un grand feu
Et tout disparaîtra

La mémoire n’est pas immortelle
Elle s’éteindra aussi
Et on pourra enfin
Cesser d’attendre
Ce qui ne viendra pas.

vendredi 28 septembre 2007

Vacances



Le pont St Jean a pris ses quartiers d'automne en bord de Loire cette année....

mercredi 19 septembre 2007

Contre jour


Sola skinner på deg
så skyggen faller på meg
men graset er grønt for alle

Alf Prøysen

Illusjon


Jeg elsker stille øyeblikk
da livet tar en pause
og hjertet fylles av musikk
og tankene blir tause


Sissel Vedal

dimanche 16 septembre 2007

Poussière d'étoile...

Άννα Μαρία Καικιλία Σοφία Καλογεροπούλου
New York 2 décembre 1923 - Paris 16 septembre 1977
New York 2 decembre1923 - Paris 16 septembre 1977

jeudi 13 septembre 2007

Stilhed

Passants éphémères et tranquilles de cette fin d'été, des nuages de brume flottent dans les branches du vieil arbre près du pont St Jean. Le fleuve n'a pas une ride. Le matin se lève lentement.

samedi 8 septembre 2007

Utopia

Photo Robert Doisneau

Nous avons la haine au plus profond
Une haine fondamentale
De la hiérarchie et des cons
Du quotidien et du fatal.


Extrait de Utopia
Bernard Lavilliers



mardi 28 août 2007

Nocturne


Passagère indécise
Clandestine et soumise

Captive
De rêves insensés
De voyages imaginaires

Ombre vacillante
Fragile
Dans l’ombre de tes nuits

Je danse
Sur un rayon de lune.


lundi 20 août 2007

Cette blessure

Gustav Klimt
Demi-nu recroquevillé, 1912-1913.

Cette blessure
Où meurt la mer comme un chagrin de chair
Où va la vie germer dans le désert
Qui fait de sang la blancheur des berceaux
Qui se referme au marbre du tombeau
Cette blessure d'où je viens

Cette blessure
Où va ma lèvre à l'aube de l'amour
Où bat ta fièvre un peu comme un tambour
D'où part ta vigne en y pressant des doigts
D'où vient le cri le même chaque fois
Cette blessure d'où tu viens

Cette blessure
Qui se referme à l'orée de l'ennui
Comme une cicatrice de la nuit
Et qui n'en finit pas de se rouvrir
Sous des larmes qu'affile le désir

Cette blessure
Comme un soleil sur la mélancolie
Comme un jardin qu'on n'ouvre que la nuit
Comme un parfum qui traîne à la marée
Comme un sourire sur ma destinée
Cette blessure d'où je viens

Cette blessure
Drapée de soie sous son triangle noir
Où vont des géomètres de hasard
Bâtir de rien des chagrins assistés
En y creusant parfois pour le péché
Cette blessure d'où tu viens

Cette blessure
Qu'on voudrait coudre au milieu du désir
Comme une couture sur le plaisir
Qu'on voudrait voir se fermer à jamais
Comme une porte ouverte sur la mort

Cette blessure dont je meurs.
Léo Ferré
(24 août 1916 - 14 juillet 1993)

jeudi 16 août 2007

Labyrinthe



L'envie m'est passée de me perdre encore dans le dédale de ce labyrinthe où, tant de fois déjà, la flamme vacillante de ma bougie n’a éclairé que des ombres fugitives et lointaines.

Je voudrais retrouver le plaisir de la vie simple, lumineuse et tranquille comme un sourire, douce et légère comme un baiser sous la pluie.

"We gonna go down, down, on new roads of happiness
And leave it all behind
We gonna go down, down, on broad streets of gladness
We'll change the wrong to right, turn it upside down."

(From "Go Down" by Perry Rose - album Hocus Pocus)



samedi 11 août 2007

Indigeste

Fred Lebain, Cactus, 2004-2005.


J'aurais voulu écrire un autre texte

Il y avait du soleil et du vin blanc,
une belle femme,
beaucoup d'amour, l'infini,
et des coquelicots rouges.

C'était une belle rencontre.

Mais il fait déjà nuit, le ciel est lourd et noir.
Il n'y a pas d'étoiles.
J'ai la gorge nouée:
le cactus que j'ai avalé m'a gâché ma soirée.

jeudi 9 août 2007

Des milliers de baisers perdus

Camille Claudel
La Valse (1889)


Tous nos baisers ont une histoire
Un mouvement et un savoir.
Chaleur de peau, douceur des lèvres
Tous nos baisers ont eu la fièvre.
Baisers volés, baisers voyous
Aux coins des yeux ou dans le cou,
Baisers ratés, baisers charmeurs
Baisers glacés, baisers menteurs.

Peut-être des centaines, peut-être des milliers
Sûrement des milliards de baisers perdus
Comme des âmes en peine, quand le soir descend
Chante sur ma peine la chanson du sang.

Baisers d'amis, baisers d'homme
Pour la parole que l'on donne,
Pour la parole que l'on tient
Baisers qui seront morts demain.
Baisers de guerre baisers de paix
Avec les fers et puis après
Baisers de mort, baisers vendus
Quelque part au bal des pendus.

Peut-être des centaines, peut-être des milliers
Sûrement des milliards de baisers perdus
Comme des âmes en peine, quand le soir descend
Chante sur ma peine la chanson du sang.

Baisers d'amis ou baisers d'homme,
Pour la parole que l'on donne,
Pour la parole que l'on tient,
Baisers qui seront morts demain.
Baisers de guerre, baisers de paix
Avec les fers et puis après
Baisers de mort, baisers vendus
Quelque part au bal des pendus.

Peut-être des centaines, peut-être des milliers,
Sûrement des milliards de baisers perdus
Comme des âmes en peine, quand le soir descend
Ecoutez madame la chanson du sang.

Baisers donnés, sans qu'on y pense,
A des visages sans importance
Mais pouvant entraîner l'amour
Sans l'intention d'en faire le tour.
Baisers mouillés, baisers vainqueurs
Baisers rouges et baisers moqueurs
Baisers d'écran, baisers faciles
Dans des larmes et puis du style.

Peut-être des centaines, peut-être des milliers
Sûrement des milliards de baisers perdus
Comme des âmes en peine, quand le soir descend
Chante sur ma peine la chanson du sang.

Bernard Lavilliers



mercredi 8 août 2007

Une sorcière comme les autres

Gao Xingjian, La pleine lune, 1997

S'il vous plaît
Soyez comme le duvet
Soyez comme la plume d'oie
Des oreillers d'autrefois
J'aimerais
Ne pas être portefaix
S'il vous plaît
Faîtes vous léger
Moi je ne peux plus bouger

Je vous ai porté vivant
Je vous ai porté enfant
Dieu comme vous étiez lourd
Pesant votre poids d'amour
Je vous ai porté encore
A l'heure de votre mort
Je vous ai porté des fleurs
Je vous ai morcelé mon coeur

Quand vous jouiez à la guerre
Moi je gardais la maison
J'ai usé de mes prières
Les barreaux de vos prisons
Quand vous mourriez sous les bombes
Je vous cherchais en hurlant
Me voilà comme une tombe
Avec tout le malheur dedans

Ce n'est que moi
C'est elle ou moi
Celle qui parle
Ou qui se tait
Celle qui pleure
Ou qui est gaie
C'est Jeanne d'Arc
Ou bien Margot
Fille de vague
Ou de ruisseau

C'est mon coeur
Ou bien le leur
Et c'est la soeur
Ou l'inconnue
Celle qui n'est
Jamais venue
Celle qui est
Venue trop tard
Fille de rêve
Ou de hasard

Et c'est ma mère
Ou la vôtre
Une sorcière
Comme les autres

Il vous faut
Etre comme le ruisseau
Comme l'eau claire de l'étang
Qui reflète et qui attend
S'il vous plaît
Regardez-moi je suis vraie
Je vous prie
Ne m'inventez pas
Vous l'avez tant fait déjà
Vous m'avez aimée servante
M'avez voulue ignorante
Forte vous me combattiez
Faible vous me méprisiez
Vous m'avez aimée putain
Et couverte de satin
Vous m'avez faite statue
Et toujours je me suis tue

Quand j'étais vieille et trop laide
Vous me jetiez au rebut
Vous me refusiez votre aide
Quand je ne vous servais plus
Quand j'étais belle et soumise
Vous m'adoriez à genoux
Me voilà comme une église
Toute la honte dessous

Ce n'est que moi
C'est elle ou moi
Celle qui aime
Ou n'aime pas
Celle qui règne
Ou qui se bat
C'est Joséphine
Ou la Dupont
Fille de nacre
Ou de coton

C'est mon coeur
Ou bien le leur
Celle qui attend
Sur le port
Celle des monuments
Aux morts
Celle qui danse
Et qui en meurt
Fille bitume
Ou fille fleur

Et c'est ma mère
Ou la vôtre
Une sorcière
Comme les autres

S'il vous plaît
Soyez comme je vous ai
Vous y rêvez depuis longtemps
Libre et fort comme le vent
S'il vous plaît
Libre aussi
Regardez je suis ainsi
Apprenez-moi n'ayez pas peur
Pour moi je vous sais par coeur

J'étais celle qui attend
Mais je peux marcher devant
J'étais la bûche et le feu
L'incendie aussi je peux
J'étais la déesse mère
Mais je n'étais que poussière
J'étais le sol sous vos pas
Et je ne le savais pas

Mais un jour la terre s'ouvre
Et le volcan n'en peux plus
Le sol se rompt
On découvre des richesses inconnues
La mer à son tour divague
De violence inemployée
Me voilà comme une vague
Vous ne serez pas noyé

Ce n'est que moi
C'est elle ou moi
Et c'est l'ancêtre
Ou c'est l'enfant
Celle qui cède
Ou se défend
C'est Gabrielle
Ou bien Eva
Fille d'amour
Ou de combat

C'est mon coeur
Ou bien le leur
Celle qui est
Dans son printemps
Celle que personne
N'attend
Et c'est la moche
Ou c'est la belle
Fille de brume
Ou de plein ciel

Et c'est ma mère
Ou la vôtre
Une sorcière
Comme les autres

S'il vous plaît
Faîtes vous léger
Moi je ne peux plus bouger
Paroles et Musique: Anne Sylvestre 1975

vendredi 3 août 2007

Les lèvres rouges


Un de mes films préférés, Les lèvres rouges de Harry Kümel (1970) tourné à Ostende autour de l'hôtel des Thermes avec une superbe Delphine Seyrig en comtesse hongroise vampire. Une atmosphère sensuelle et sulfureuse... Magnifique!
Mais qui s'en souvient?

jeudi 2 août 2007

Angoisse

Gao XINGJIAN
"Angoisse"

2003.
Encre sur papier de riz.


La grande araignée noire est revenue me rendre visite.
Elle m'enserre la poitrine avec ses grandes pattes velues.
Patiente, soigneuse, impitoyable,
Elle tisse son fil poisseux autour de ma solitude.



Full moon


Martine Guisset
Coquelicot


La lune est belle, ronde, lumineuse
Le sang coule lentement
C'est la vie qui s'en va
Indécente et fragile.

C'est la vie qui est là
Au plus profond de moi
Signature clandestine
De ma féminité.




mardi 24 juillet 2007

Jeux de miroirs

Mon amant de trente ans
A offert un miroir
A la femme que je suis
Je suis émue, je lui souris.

Un geste fugitif, une caresse volée
A la vie qui nous sépare
Depuis toutes ces années.
Je ne l'aime pas, je m'attendris.

Je me suis éloignée de lui.
Et mon ombre n'est plus ici.
Elle est au bord du fleuve
Ou sur une table, la nuit.

Je suis comme un cadeau
Qu'on a déposé là
Et qu'il aurait oublié
De déballer.

Car il rêve d'une femme
Qui n'existe pas.
Et moi?
Je rêve de celui qui ne me voit pas.

dimanche 22 juillet 2007

Tiens-toi droit!



Tiens-toi droit!
Si tu t'arrondis, tu auras l'air d'une arche.
Tiens-toi droit!
Si tu t'arrondis, tu auras l'air de quoi ?

Tu auras l'air d'un pont même pas de pierre,
l'air d'un pont de bois, l'air d'un pont d'acier.
Tu auras l'air d'un tronc par d'ssus la rivière,
tu auras l'air d'un rien sur quoi j' peux marcher,
l'air d'un trait d'union, l'air d'une passerelle,
l'air de ce par quoi j' peux aller plus loin,
l'air d'un fond sonore, l'air d'une ritournelle,
l'air d'une musique dont j' n'ai pas besoin.

Tu auras l'air d'un peu, l'air d'un plus grand'chose,
l'air d'un intermède, d'une récréation,
l'air d'un amant pour bibliothèque rose,
d'un soupirant pour représentation,
l'air d'un grand chemin comme tous les autres,
prêtant à mes pas son sol aplani,
l'air d'un macadam, l'air d'un qui se vautre,
content, bien content de ses avanies.

Mais moi je ne veux pas que tu t'arrondisses.
Je veux contre toi toujours me heurter.
Laisse, laisse-moi tous les précipices
que sous mes pas l'amour va susciter.
Je n' veux pas de pont, je veux des rivières,
je veux des torrents où tourbillonner.
Je veux cette vie, je la veux entière,
même si mon cœur y doit suffoquer.

Mais tiens-toi droit!
Ne t'arrondis pas, il faut que je marche.
Tiens-toi droit!
Si tu t'arrondis, j'aurai l'air de quoi ?


Paroles et Musique: Anne Sylvestre 1960
© Warner Chapell

mercredi 18 juillet 2007

Mon enfant de l'exil


C'est par ces mots que je commençais un texte que je te dédiais, deux ans avant ta naissance, dans un tramway qui sillonnait les rues d'Amsterdam. Je ne sais ce qu'est devenu ce texte. Toi, en tout cas, j'ai fini par réussir à te faire, à te mettre au monde comme je le souhaitais, chez moi, chez nous, avec ton père.

Le temps a passé. Ton père n'est plus auprès de nous depuis longtemps. L'a-t-il jamais été? Je ne sais pas ce que tu en penses. Tu ne veux pas en parler. Je sens au fond de toi une blessure silencieuse que je n'ai pas le droit de nommer. Aussi de la colère et beaucoup de tristesse.


L'adulte que tu es devenu continue sa route.

Tu la raisonnes, tu la conseilles, tu argumentes avec elle et tu es irrité par ta mère sur les mêmes points que quelqu'un qui m'est cher. C'est amusant, troublant et mystérieux à la fois....

Tu es devenu un homme mon fils et je suis fière de toi.

mardi 17 juillet 2007

Rain and Tears

On a pleuré
Et beaucoup ri
Complicité
des heures tardives

Le temps a passé
La source est tarie
Il s'en est allé
Il faut que je vive.


dimanche 15 juillet 2007

Le fleuve


La route était longue et solitaire. Je suis revenue près du fleuve. Il est immobile. Il attend. Le vieux bateau blanc garni de ferronnerie se reflète dans l'eau sombre. Quelques touristes attardés rejoignent leur hôtel. La nuit est fraîche. Je rentre chez moi.

samedi 7 juillet 2007

Anniversaire


7 juillet 2006 - 7 juillet 2007.
Que de chemin parcouru! Merci.


Viva la vida!


Magdalena Carmen Frieda Kahlo Calderón ou Frida Kahlo est née au Mexique le 6 juillet 1907, bien qu’elle se plaise à dire qu’elle est née la même année que la révolution mexicaine, c'est-à- dire trois ans plus tard.
Elle aimait aussi insister sur la racine germanique de son prénom qui lui venait de son père: Frida, Freiheit, liberté...

Comment as-tu fait, Frida, pour garder cette envie de vivre et d'aimer, pour te réapproprier ton corps de femme brisé, rompu par la douleur et les blessures? Quelle était cette force qui t'animait au plus profond du désespoir? Tu était si belle, si féminine... Tu es restée libre et rebelle. A défaut de ton talent, j'aimerais au moins avoir ton audace...


Sur son journal, elle note au bas d'un dessin :
"Des pieds, pourquoi est ce que j'en voudrais si j'ai des ailes pour voler ?"


Le 13 juillet 1954, à 47 ans, Frida succombe à une mauvaise pneumonie, à moins que moralement épuisée, elle n'ait mis fin à ses jours.

"Espero alegre la salida y espero nunca volver"

En travers d'une de ses dernières peintures elle avait écrit : Viva la vida!

Hier Frida Kahlo aurait eu cent ans.

Trois mois plus tard, je venais au monde. Personne ne m'a jamais parlé d'elle.

C'est grâce à une amie éblouie et émue qui, de retour du Mexique, m'a montré ses oeuvres pour la première fois. C'était il y a quinze ans. Merci Danielle.




jeudi 5 juillet 2007

L'été

Je voudrais danser, je voudrais crier tout le bonheur du monde.
Dehors, le ciel gorgé de pluie s'assombrit déjà. Je voudrais lui dire... mais je ne dirai rien.
Je marche en silence. la boue me colle aux pieds.
C'est l'été.
L'été des paradoxes. L'été des équivoques. L'été anniversaire. L'été du temps qui passe, encore et toujours....
Apprendre la patience et oublier un peu. Jusqu'à demain.

Photo: Jacky Lepage



mercredi 27 juin 2007

Tu es le grand soleil ...


(...)
Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.

Paul Eluard - Extrait du recueil "le Phénix" (1950)
et "Solen" de Munch (1916)

dimanche 24 juin 2007

Absence

Il y a des jours comme ça
Qu'on voudrait rayer du calendrier.
Faire en sorte qu'ils n'aient jamais existé.
Des jours où la vie même perd de son sens.

Ce sont les jours des abonnés absents
Où on n'existe pour personne
Où on attend le téléphone
Où on se demande ce qu'on fait là

Impuissant, maladroit
Planté comme un vieil arbre qu'on ne voit plus
Parce qu'il a toujours été là...

jeudi 21 juin 2007

Solstice

Avant que la lumière ne prenne la pente descendante, laisse-moi respirer le calme de cette courte nuit. Suspension du temps. Appréhension de l'obscurité qui reviendra lentement, sournoisement, inéluctablement.

Prend-moi dans tes bras.

Petite, j'avais peur de m'endormir et de ne pas me réveiller. Il faut lâcher, baisser les armes... J'y arrive si mal.

Serre-moi très fort, aussi fort que tu m'aimes, que je sente mon corps s'appaiser tout contre le tien, que je pose ma tête sur ton épaule.

Pour la douceur de ce fragment d'éternité, j'oublierai la lumière qui nous quitte et le monde qui tourne à l'envers.

Ed. Munch Sommernat på stranden


dimanche 17 juin 2007

Quelques mots d'explication....

Oui, parce que déjà que sur ce blog j'écris dans une langue pas toujours compréhesnible, je fais des allusions que pas grand monde ne comprend....

Donc, explication. Les deux textes qui suivent sont des extraits de chansons écrites par mon amie Françoise Laroche.


Françoise est connue chez nous par quelques amateurs nostalgiques des années soixante. Elle est originaire d'Arlon, a étudié à Liège, chanté notamment avec Claude Semal avant de tomber amoureuse d'un étudiant en médecine norvégien qui l'a emmené dans ce pays en noir et blanc au delà du cercle polaire arctique dans une petite ville du nom de Finnsnes. Comment peut-on vivre là-bas? Si on peut être persan, on peut aussi vivre à Finnsnes... !

Après de longues années passées à élever ses deux enfants, à enseigner le français, elle est "descendue" à Oslo où elle vit toujours aujourd'hui. Cette nouvelle vie l'a rendue à la chanson. Elle a repris sa guitare et son chemin pour chanter aujourd'hui Brel, Piaf et ses propres chansons sur des scènes norvégiennes. Elle habitait encore Finnsnes quand je l'ai rencontrée lors d'une courte escale à Oslo, il y a presque vingt ans. Merci Françoise pour ton amitié.

samedi 2 juin 2007

Earthquake

1755 - Tremblement de terre de Lisbonne

Le sol tremble sous mes pieds, la secousse est terrible. Je m'agrippe à tout ce qui est à ma portée, je m'appuie aux murs qui vacillent aussi. Je n'ai plus de repères. Je sens mon coeur qui bat très vite. La tête me tourne. J'ai la nausée. J'ai l'impression que je vais mourir.

En regardant dehors je vois le vieux couple de voisins qui s'affairent au jardin. Leurs rosiers blancs sont en fleurs. Il la regarde avec tendresse enlever les fleurs fanées de sa jardinière en pierre bleue. Les oiseaux chantent. Ce sera une journée calme et chaude, indifférente à mon malheur.



mardi 29 mai 2007

Retour à Gamla Stan

Gamla Stan - Västerlånggatan

Si méditerranéenne et si nordique à la fois...
Gamla Stan, l'ancienne ville de Stockholm, a miraculeusement échappé à la destruction. Le projet de Le Corbusier était de construire là une ville linéaire en béton ...

Mais il faut parfois renoncer à remarcher sur ses propres traces pour garder ses souvenirs intacts...

Le temps a passé depuis ma dernière visite ici mais les pierres sont toujours là... Les pavés de Köpmannsgatan me rappellent l'inspecteur Beck de Wähloo et Sjövall... Sur le Stortörget, il y a maintenant le musée Nobel et Västerlånggatan ressemble à une boutique à souvenirs.

Mais il y a encore des ruelles désertes dont le soleil nordique colore doucement les façades d'ocre et de rouille...

Une pensée attendrie pour "De Gröna" dont la pancarte qui se balance doucement au vent du nord tranche un peu avec le reste.

lundi 28 mai 2007

Blues Marathon

J’ai nagé longtemps, j’ai couru un peu, j’ai aimé et mon sexe me brûle… Une course effrénée pour sentir ce corps qui me ressemble si peu et fuir encore, fuir toujours cette solitude désespérée, cette béance noire, cette blessure, ce manque de toi...

Georgia O'Keeffe



dimanche 27 mai 2007

Anna Soror

Il y a vraiment des moments qui valent la peine d'être vécus.
Concert blues rock dans un petit centre culturel du grand sud pour soutenir la première du nouveau groupe d'un ami.

Arrivée au beau milieu d'un orage digne de l'apocalypse. Refuge à la cafétaria où ils ont oublié à la fois d'éteindre le chauffage, de redresser le pauvre crucifix qui ne retiendra plus très longtemps son rameau de buis jauni... et, surtout, de mettre assez de Leffe blondes au frais.

En première partie un groupe local très applaudi. Plus rock que blues. Un chanteur sans voix malgré le son poussé à son maximum. Tout le monde est bien sympathique. Un échevin en costard cravate se déchaîne et crie sans retenue. Gestes complusifs des mains qui tiennent une guitare imaginaire.

Entracte. Quelques habitués s'en vont. Ambiance de salle paroissiale. Sonnerie. La tension monte parmi les groupies. Les musiciens entament le premier morceau. Instrumental. Musique de qualité: vrai blues et vrai rock and roll et ensuite la très belle voix de notre ami. Mauvaise sono hélas, et on repense au reste qui est à l'avenant... Mais il y a, au beau milieu de tout cela, le magnifique sourire de Raf...

Nos rires complices, pour nous empêcher de chialer, quand l'homme est parti causer et embrasser ailleurs.

Que dire alors de la suite, quand on se retrouve entre femmes deux heures et, quelques Leffe tièdes plus tard, à se tenir la main toutes les trois au milieu de la rue, à se prendre dans les bras pour se consoler de nos cancers, de la mort et de notre impossible amour pour des hommes qui n'osent pas aimer...

samedi 12 mai 2007

Nathanaël, je te parlerai des attentes...


Nathanaël, je te parlerai des attentes. J'ai vu la plaine, pendant l'été, attendre : attendre un peu de pluie. La poussière des routes était devenue trop légère et chaque souffle la soulevait. Ce n'était même plus un désir : c'était une appréhension. La terre se gerçait de sécheresse comme pour plus d'accueil de l'eau. Les parfums des fleurs de la lande devenaient presque intolérables. Sous le soleil tout se pâmait. Nous allions chaque après-midi nous reposer sous la terrasse abrités un peu de l'extraordinaire éclat du jour. C'était le temps où les arbres à cônes, chargés de pollen, agitent aisément leurs branches pour répandre au loin leur fécondation. Le ciel s'était chargé d'orage et toute la nature attendait. L'instant était d'une solennité trop oppressante, car tous les oiseaux s'étaient tus. Il monta de la terre un souffle si brûlant que l'on sentit tout défaillir : le pollen des conifères sortit comme une fumée d'or des branches. Puis il plut.
J'au vu le ciel frémir de l'attente de l'aube. Une à une les étoiles se fanaient. Les prés étaient inondés de rosée : l'air n'avait que des caresses glaciales. Il sembla quelque temps que l'indistincte vie voulût s'attarder au sommeil, et ma tête encore lassée s'emplissait de torpeur, je montai jusqu'à la lisière du bois : je m'assis : chaque bête reprit son travail et sa joie dans la certitude que le jour va venir, et le mystère de la vie recommença de s'ébruiter par chaque échancrure des feuilles. Puis le jour vint.
J'au vu d'autres aurores. - J'ai vu l'attente de la nuit...
Nathanaël, que chaque attente, en toi, ne soit même pas un désir, mais simplement une disposition à l'accueil. Attends tout ce qui vient à toi : mais ne désire que ce qui vient à toi. Ne désire que ce que tu as.

André GIDE, Les Nourritures terrestres (1885)

Det mørke kabinet

Ce texte, je l'ai écrit en danois car je n'ai pas pu l'écrire dans ma langue maternelle. Il y est question de ma relation à ma mère.

Il m'est toujours impossible d'expliquer ce texte en français, à part le titre. Il s'intitule "la chambre noire".


Det var ikke smart. Det var decideret ikke rart at hun skulle stå der uden et ord, bare for at være der, bare for at irritere mig igen, eller, bedre sagt, bare for at ydmyge mig én gang til.

Bare jeg kunne trække vejret uden at føle som om jeg burde haft spurgt hende om jeg måtte gøre det. Bare jeg kunne trække vejret uden at føle at jeg vil skade hende.

Bare jeg kunne kysse en mand uden at føle hendes blik på os, uden at høre hende grine af mig. Hendes klar latter over mig fordi det hele er latterlig, så latterlig...

Jeg kunne ikke lukke døren, jeg kunne ikke lukke hele kroppen; Vidste ikke hvad var min, og hvad var hendes, hvor hun var, fordi hun var allevejs... Ingen dør, ingen gardin, ingen lås, alt er gennemsigtigt.

Hun har taget mit sprog fra mig.

Jeg vil så gerne at hun skal dø. Det må man ikke sige. Men som forældre skulle man ikke give plads til sine børn? Hun gav mig aldrig nogen plads. Nu, at jeg bliver så gammel som jeg er nu er det på tiden at jeg eksiterer – en gammel kvinde som rundede 50 år for 2 år siden er jeg blevet. Min kvindelighed var en stor fare for hende... og nu for fanden er det næsten for sent, fordi den bliver snart taget fra mig for godt... Mændene gider ikke at kigge efter så gamle kællinger... oven i købet er de fleste er sgu også bange for kvindeligheden...

Det er stadig umuligt at skrive på mit eget sprog. Hun stjålte det fra mig, hun stjålte de ord.

Ordfriheden. Hvor blev hun rasende da jeg sagde at hun hadede mig, at hun elskede mig ikke...

Det stakkels barn, det stakkels enlig barn, der skulle bare glemme alt om det det blev udsat for fordi det var bare løgn. Barnet ikke huskede rigtigt. Det var bare noget det fandt for at tiltrække opmærksomhed. Barnet skulle også vide at det skulle ikke blive midtpunktet i evigheden. Barnet skulle akseptere at blive passet at blive passet om aften efter at have spist i køkkenet mens forældrene klædte sig pænt. Vi skal nok tage dig med når du bliver stor blev det sagt. Men barnet kom alligevel aldrig med da det blev større. Moderen grinede bare da barnet spurgte hvorfor det ikke måtte komme med. Det var bare noget vi sagde så du lad os gå sagde hun.

Men alt gik fint da barnet kunne blive et bevis på, at moderen var en god mor. Det var hun da sikkert, fordi barnet gik i fint tøj fra Dujardin, gik i en alternativ skole... Og det gik galt da barnet ikke vil hilse på gæsterne hvis det ikke kunne blive sammen med dem, det gik galt da det stod helt stivt da det prøvede pæn tøj, de dyre som mor vil have det tager på... det gik galt da det ikke vil gå på toilet hverdag. Så gav moderen en stikpille fordi et barn skal gå på toiletten hver dag uanset... Det gik galt da barnet havde det sjovt, det betød bare at det var træt. Det gik galt da barnet havde mareridt eller vil ikke sove fordi det skete en hele masse i stuen... Så fik barnet hostesaft med beroligende midler i så det skulle sove... Barnet måtte heller ikke blive rasende på alt det der, ellers fik den bare koldt brusebad...

I aften, da jeg prøvede at lægge mig til at sove, vil søvnen slet ikke komme. Jeg tænker på det barn der prøver at tale. Det skriger indeni, dybt indeni, det kan stadig ikke tale, bare skrige...

Smerten uden ord. Bare smerten. Nøgne smerten. Barnet kan ikke trække vejret når det skriger. Det holder op, bare for at få vejret tilbage, og så starter det igen; Skriger, skriger; Det gør ondt i halsen. Det gør ondt i halsen, det brænder i lungerne. Ensomhed. Mørkhed. Til sidst, bærer skrigerne søvnen der endeligt kommer.

Bagefter, mange år efter, griner moderen af barnet som prøver at bliver en lille pige som alle andre. Hun siger noget dumt om Oedipus kompleks. Hun tror hun kender alt, hun tror hun kender noget til psykologi. Hun siger at barnet grådt fordi det kunne ikke tåle at se mor og far sammen. Det vil bare adskille dem. Det er helt nomalt. Man skal bare ikke opgive.

Barnet indeni ved godt at den angst ikke havde noget at gøre med det vrøvl men det er jo umuligt at sige. Man kan da ikke modsige moderen, det har man aldrig godt af bagefter for man kvalme og skyld... Hun ved jo altm hun har svar for det hele...Når hun ikke har svar bliver hun bare syg .Det vil man ikke at moderen bliver syg vel...

Hun skal da ikke blive syg, hun skal bare dø.

Hvor er det dog sjovt, jeg ville have en æbe og det fik jeg så, plejer moderen at sige om barnets fødslen.

Kvinden som barn blev trods alt har det stadig svært ved at tilgive moderne for sin stjålte kvindelighed. Det var allerede svært for barnet at blive et menneske. Så skulle det arbejde videre for at blive en pige og en kvinde; En pige var barnet slet ikke for moderen. Et barn, kun et barn... Men, gud, en kvinde var det slet ikke muligt at blive.

jeudi 10 mai 2007

Somewhere Over the Rainbow


Somewhere over the rainbow
Skies are blue,
And the dreams that you dare to dream
Really do come true.

Someday I'll wish upon a star
And wake up where the clouds are far
Behind me.
Where troubles melt like lemon drops
Away above the chimney tops
That's where you'll find me.


From "Somewhere over the Rainbow", music by Harold Arlen
and lyrics by E.Y. Harburg